Le Soir, 22-02-2022
La Fédération des arts plastiques demande l’adoption d’une charte et d’une grille de rémunération qui permette aux plasticiens d’accéder au statut d’artiste. Elle en saisit les organes de la gouvernance culturelle.
Par Alain Lallemand Journaliste au service Culture du Soir
La Fédération des arts plastiques (FAP, fédération professionnelle des artistes plasticiens, curateurs et critiques) vient de rendre publique une proposition concrète de rémunération minimale de leurs expositions, rémunération qu’elle souhaiterait rendre obligatoire dans tous les lieux subventionnés par la Fédération Wallonie-Bruxelles (du moins ceux rémunérant au moins un équivalent temps-plein).Basée sur une charte et un calculateur, leur proposition rencontre tant la prise en charge des frais d’exposition et de production d’œuvres que de la rémunération des textes, la conception et la préparation des expositions, l’accrochage des œuvres, la médiation demandée durant l’exposition, l’éventuelle multiplicité des exposants ou encore ce droit d’auteur spécifique aux plasticiens qu’est le droit de monstration. Les revenus seraient mixtes puisqu’ils intégreraient du contrat de travail, du droit d’auteur, du cachet. Quelle est l’inquiétude des plasticiens ? Alors que la réforme du statut d’artiste avance au niveau fédéral, rien ne semble bouger au niveau de leur rémunération en Fédération Wallonie-Bruxelles. Or, « s’il n’y a pas de modification de la rémunération des artistes plasticiens, la réforme du statut d’artiste ne va rien changer à la situation dans laquelle ils se trouvent », analyse le porte-parole de la FAP Bruno Goosse. C’est évident : dans la nouvelle mouture, il faudra toujours attester d’un niveau minimal de rémunération pour bénéficier d’une couverture chômage.« On n’a pas l’oreille du cabinet (de la ministre de la Culture Bénédicte Linard) », constate Bruno Goosse, « la ministre nous dit qu’elle ne peut pas donner d’avis tant qu’elle n’a pas sollicité les chambres de concertation et le Conseil supérieur de la culture. » Dès lors, la FAP a avancé de manière inédite : d’une part, elle a claironné publiquement sa proposition, engrangeant dès maintenant un large soutien du syndicat CSC (la FGTB a elle aussi été démarchée). D’autre part, elle a elle-même communiqué sa proposition aux deux instances concernées de la nouvelle gouvernance culturelle : la chambre de concertation des Arts plastiques, ainsi que le Conseil supérieur de la culture. L’objectif est d’obtenir de ces instances un avis d’initiative, ce qui ferait avancer leur demande. Pourquoi saisir d’emblée le Conseil de la culture, instance transversale qui n’intervient normalement qu’en second rang ? Parce que la FAP considère que leur rémunération (et par voie de conséquence, leur capacité à accéder au statut d’artiste) ne peut pas se réduire à un problème sectoriel : il s’agirait d’un problème d’équité au sein des travailleurs de la culture, le problème serait donc d’emblée transversal.