Mercredi 18 juin, l’Administration générale de la Culture (AGC) de la Fédération Wallonie-Bruxelles a présenté son bilan annuel Focus Culture 2024. Les dépenses culturelles de l’AGC se sont élevées à 506’070’836,77€ répartis entre huit secteurs : Action territoriale, Audiovisuel et Médias, Création artistique, Lettres et Livre, Éducation permanente et Jeunesse, Patrimoine, Direction de coordination et d’appui ainsi que Service des enjeux culturels transversaux.
Le budget global accordé à l’AGC était de 927’061’000€, comprenant le montant alloué aux dépenses culturelles ainsi que 362’490’000€ de dotation à la RTBF. Le budget a connu une augmentation de 4,7% par rapport à l’année 2023, qui était en grande partie destinée à couvrir l’indexation des subventions face aux 4,3% d’inflation qu’a connue la Belgique en 2024. La répartition de ces moyens supplémentaires n’a cependant bénéficié qu’à certains secteurs, tandis que le financement de nombreux autres a été revu à la baisse.
En matière de Création artistique, le Théâtre a été subventionné à hauteur de 59’495’123€ soit 11,76% des dépenses culturelles (1,22% de plus qu’en 2023) tandis que 50’411’920€ ont été alloués à la Musique (une augmentation de 0.47% par rapport à 2023). Les Arts plastiques et numériques ont de leur côté bénéficié de 7’209’971€, correspondant à 1,42% des dépenses culturelles de l’AGC – un chiffre en baisse de 0,11% par rapport à 2023.
Alors que la fréquentation des lieux subventionnés en arts visuels est en hausse avec plus de 400’000 personnes recensées en 2024, témoignant d’un fort intérêt du public pour les arts visuels, et bien que l’on connaisse son sous-financement historique injustifié, notre secteur n’a bénéficié d’aucune revalorisation, ni même d’une indexation.
Le bilan est à retrouver sur le site de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le document Focus Culture 2024. Soulignons que nous y avons repéré certaines incohérences de calcul, que nous avons signalées à l’AGC. Les fédérations présentes lors de la présentation ont par ailleurs formulé le souhait de voir apparaître dans les bilans futurs la proportion des dépenses dédiées à l’emploi artistique. Ces chiffres permettront de visibiliser et comprendre de manière plus précise la réalité des travailleureuses des arts, dont la précarité a été signalée par le récent cadastre de l’emploi publié par l’Observatoire des politiques culturelles.
Ce Focus Culture 2024 également été l’occasion de discuter de « confiance » comme clé de voûte des politiques culturelles en FWB. Une communication de Céline Romainville, Professeure de droit constitutionnel à l’UCLouvain a soulevé la nécessité de préserver la confiance entre citoyen·nes et institutions à l’heure où des « ingénieurs du chaos » sapent la confiance dans la collectivité au profit d’une montée de l’autoritarisme. L’AGC s’est engagée à entretenir des rapports dynamiques, équitables, transparents et responsables et a appelé à un engagement réciproque de la part des travailleureuses des arts. Il est à nos yeux important de cultiver la confiance à toutes les échelles – pour une fédération comme la nôtre elle est essentielle à alimenter avec nos membres, avec les opérateurs culturels, avec les autres fédérations, avec l’opinion publique tout comme avec l’administration et le gouvernement. Mais le rapport de confiance ne doit pas occulter le déséquilibre de pouvoir qui existe entre les différentes institutions ainsi qu’entre les institutions et les individus. Une responsabilité accrue incombe aux structures qui bénéficient d’un ascendant. Alors que l’Administratrice générale de la Culture Jeanne Brunfaut a annoncé qu’en 2025 il faudrait « faire mieux avec moins », nous espérons que l’administration prenne la mesure de ses responsabilités, car les travailleureuses du secteur font déjà beaucoup avec très peu de moyens. De notre côté, sur le terrain, il sera nécessaire de continuer à répondre collectivement et de manière solidaire à la précarité qui touche les travailleureuses de notre secteur.
Plus d’informations dans le Focus Culture 2024 ainsi que dans l’article d’Alain Lallemand pour Le Soir à retrouver ci-dessous.