Le mythe de l’artiste pauvre a la vie longue. Aujourd’hui encore, malgré l’apparent abandon de l’idée de supériorité morale de l’artiste garantie par son éventuelle insécurité économique, celle-ci (ou au contraire l’abondance de moyens, de privilèges ou de reconnaissance dont l’artiste jouit) peut continuer à avoir un impact à la fois sur la perception de son rôle, l’évaluation de ses attitudes et la réception de ses œuvres. À travers la théorie du précariat, cet article étudie la manière dont les artistes contemporains utilisent le thème de la précarité financière et de l’identité qu’elle confère pour produire des œuvres et des discours plus ou moins revendicatifs, avec en filigrane la question de ce que signifie, au fond, cette pauvreté de l’artiste au regard de la pauvreté comme fait social et économique, dans le contexte de l’art contemporain et de ses liens avec la finance.