Suite à l’annonce de la fermeture de plusieurs structures culturelles majeures, la plupart consacrées à la création contemporaine en arts plastiques, et en prévision de la manifestation sectorielle du 15 décembre 2025, les fédérations professionnelles des arts plastiques belges tirent un nouveau signal d’alarme face à une série d’annonces à tous les niveaux de pouvoir — fédéral, communautaire et communal — dont l’ampleur, la simultanéité et les conséquences sociales laissent entrevoir une remise en cause structurelle de l’existence même du secteur.
Au cours des dernières semaines, nous avons appris la fermeture ou la mise en péril de plusieurs institutions culturelles majeures : la Centrale for contemporary art après la Maison d’art actuel des Chartreux, la Médiathèque nouvelle. Aussi, le M HKA à Anvers devient un centre artistique et perd ses fonctions muséales. Ces annonces brutales, purement budgétaires et qui ne prennent pas en compte la qualité du travail fourni et des résultats obtenus, s’ajoutent à des situations de fragilisation généralisée du secteur.
Parallèlement, les réformes fédérales de l’assurance chômage et des pensions risquent d’accentuer encore la précarité des travailleur·euses artistiques, dans un contexte où la majorité d’entre elleux cumulent statuts hybrides, revenus intermittents et absence de perspectives stables.
En Fédération Wallonie-Bruxelles, les mesures annoncées — 12,9 millions d’économies en 2026, non-indexation des subventions, moratoire jusqu’en 2029 sur les nouvelles reconnaissances et sur les moyens supplémentaires — constituent un signal politique d’une grande brutalité. Déjà sous-financé, le secteur des arts plastiques ne pourra absorber ces coupes sans dégâts majeurs.
Il ne s’agit pas d’un débat marginal ou corporatiste mais d’un enjeu collectif : les arts plastiques sont un bien commun essentiel pour l’éducation, la création, l’innovation, le rayonnement culturel et la vie démocratique. Or, le message adressé au secteur depuis plusieurs mois traduit une vision strictement comptable de la culture, réduite à un coût plutôt qu’à un investissement, à une contrainte plutôt qu’à une responsabilité publique.
Sans inflexion politique rapide, c’est tout un écosystème qui disparaît. Ce serait une perte dramatique à l’échelle de la société et pour notre patrimoine partagé. Il est indispensable de rappeler que le secteur des arts plastiques brasse, forme, soutient et diffuse des artistes, des médiateur·ices, des technicien·nes, des chercheur·euses, des graphistes, des producteur·ices, des enseignant·es, des commissaires, des gestionnaires, des acteur·ices sociaux·les et des centaines de bénévoles. Derrière les chiffres, il y a des vies, des personnes, des engagements et une mission de service public.
Le cas de la Centrale for contemporary art à Bruxelles est exemplaire : la décision unilatérale de la Ville de fermer cette institution dès février 2026 met fin, de manière brutale et sans concertation, à un projet artistique actif depuis près de vingt ans, reconnu localement, nationalement et internationalement. La Centrale est un outil essentiel de la vie bruxelloise : elle participe au débat démocratique et à la mise en pratique des droits culturels de ses habitant·es. Elle se distingue par son travail de terrain avec les publics, le soutien à de nombreux artistes belges et internationaux, une gestion saine des ressources et un réel succès critique et public. Sa fermeture interrompt un dialogue essentiel avec la création contemporaine, anéantit des investissements récents, affaiblit le rayonnement culturel de Bruxelles et prive le secteur d’un lieu déterminant pour l’émergence artistique et pour la vitalité démocratique des arts plastiques.
Nous marquons notre soutien à nos collègues, à leurs équipes et aux publics qu’iels accompagnent au quotidien, et restons mobilisé·es à leurs côtés. Par ailleurs, nous invitons tous les soutiens aux arts plastiques à se joindre à notre pétition “La fermeture de la Centrale for contemporary art, c’est NON !”.
Signataires :
ASAP – Assemblée des Structures en Arts Plastiques asbl
LaFAP – Fédération des Arts Plastiques
RABKO (Réseau des arts à Bruxelles / Brussels kunstenoverleg)
50° NORD – 3° EST (pôle arts visuels Hauts-de-France & territoires transfrontaliers)
ASTRAC – Réseau des professionnels en Centres culturels asbl
Brussels Museums
NICC
