Suite à l’audition d’Emilienne Tempels au Parlement, affirmant que les plasticiens et plasticiennes étaient les plus précarisés, Benoît Dispa demande à la Ministre Linard quelles sont les mesures concrètes envisagées, comment elle concerte le secteur et ce qu’elle pense de la politique d’achat d’oeuvre d’art en Flandre. La question est politique. La Ministre répond comme une technocrate que son « administration est à l’écoute des différents acteurs, en concertation avec la Fédération des arts plastiques (FAP) et au sein de la Chambre de concertation des arts plastiques. Cette dernière instance traite des préoccupations majeures du secteur, comme la rémunération des plasticiennes et plasticiens ou la politique d’acquisition des œuvres d’art par la Fédération Wallonie-Bruxelles. » La réponse est tellement curieuse que Benoît Dispa croit que la Ministre affirme qu’elle a de nombreux contact avec laFAP. Ce n’est absolument pas exact.
CRIc No62-Cult13 (2021-2022)
1.34 Question de M. Benoît Dispa, intitulée «Quel soutien aux artistes plasticiens?»
M. Benoît Dispa (Les Engagés).
– À côté des aides officielles octroyées en temps de crise par la Fédération Wallonie-Bruxelles, des actions solidaires visant à venir en aide aux travailleurs et aux travailleuses des arts, tous secteurs confondus, se sont développées. Je pense notamment au fonds «Sparadrap», qui a été lancé le 20 mai 2020 par l’Union des artistes du spectacle (UAS) et a été alimenté par des dons.
En février dernier, le fonds «Sparadrap» comptabilisait plus de 600 demandes d’aide, qui se sont traduites par des paiements de factures de gaz et électricité, de loyers. Le montant des demandes était en moyenne de 500 euros. Ces chiffres sont révélateurs d’un état de nécessité dans le secteur artistique.
En analysant les chiffres de plus près, il est possible de faire la répartition entre secteurs: 166 demandes émanaient du secteur des arts plastiques; 156, du secteur de la musique; 140 du secteur du théâtre; 77 du secteur de l’audiovisuel; 36 du secteur de la danse; 11 du secteur du cirque; 9 du secteur de la littérature et 6 du secteur des arts de la rue. Tous les secteurs sont dès lors touchés et certains ont même besoin d’aides de première nécessité.
Madame la Ministre, les arts plastiques figurent en tête de liste. Pouvez -vous faire le point sur la situation post-Covid-19 de ce secteur en particulier? Quelles difficultés avez-vous identifiées dans ce secteur? Comment organisez-vous la concertation avec ses représentants pour apporter une réponse à ces difficultés? Comment le secteur a-t-il été soutenu? Qu’avez-vous mis en œuvre pour faciliter sa relance? La Flandre a consacré quatre millions d’euros à l’achat d’œuvres d’art en 2021. Que pensez-vous de cette initiative? Par quelles mesures concrètes la Fédération Wallonie-Bruxelles compte-t-elle offrir des perspectives aux artistes plasticiens qui subissent encore les effets de la crise?
Mme Bénédicte Linard, vice-présidente du gouvernement et ministre de l’Enfance, de la Santé, de la Culture, des Médias et des Droits des femmes.
– Si tous les secteurs culturels ont été touchés par la pandémie, celui des arts plastiques et visuels n’a certainement pas été épargné. De plus, ce secteur avait été très peu soutenu financièrement avant la présente législature, comme l’a d’ailleurs confirmé l’avis n° 4 du Conseil supérieur de la culture (CSC). C’est pourquoi j’ai libéré de nouveaux budgets en sa faveur dès 2020.
Les crédits budgétaires dédiés aux aides à la création, à la production et à la diffusion ont ainsi été augmentés chaque année. Cette augmentation concernait aussi les aides pluriannuelles aux institutions: des moyens nouveaux sont investis pour qu’elles rémunèrent mieux les artistes plasticiens dans le cadre de leurs projets. Depuis 2021, toutes les conventions, nouvelles ou en reconduction, incluent l’obligation pour les opérateurs culturels du secteur de rétribuer tout auteur ou autrice de projet artistique en adéquation avec les moyens dont il dispose et le travail fourni par les prestataires artistiques.
En réponse à la crise sanitaire et à son impact pour le secteur culturel, de nombreuses mesures ont été mises en œuvre et elles ont directement ou indirectement bénéficié aux artistes plasticiens. Premièrement, le renforcement des aides à la création, tous secteurs culturels confondus, s’est traduit par une augmentation du budget de plus de 22 %, soit 2,6 millions d’euros. Deuxièmement, il ressort du bilan qui sera présenté le 28 avril prochain par le CSC que les appels à projets «Un futur pour la culture» ont bénéficié pour près de 24 % aux artistes plasticiens. Troisièmement, les aides au redéploiement et le renforcement des mesures de diffusion visent également à soutenir directement les artistes, créatrices et créateurs plastiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Au-delà de l’ensemble des mesures et moyens nouveaux alloués au secteur, les travaux menés par le gouvernement fédéral par les ministres Dermagne, Vandenbroucke et Clarinval sur le statut d’artiste devraient – je l’espère – avoir un impact considérable sur la situation économique et sociale des artistes, et des artistes plasticiens en particulier.
Par ailleurs, mon administration est à l’écoute des différents acteurs, en concertation avec la Fédération des arts plastiques (FAP) et au sein de la Chambre de concertation des arts plastiques. Cette dernière instance traite des préoccupations majeures du secteur, comme la rémunération des plasticiennes et plasticiens ou la politique d’acquisition des œuvres d’art par la Fédération Wallonie-Bruxelles.
M. Benoît Dispa (cdH). – La crise sanitaire a fortement affecté les artistes, et en particulier les plasticiens. Elle a révélé au grand jour, de manière plus criante encore, leur état de nécessité qui préexistait à la crise. Je me réjouis qu ’un certain nombre de mesures aient été prises dans l’urgence, non seulement du côté de la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais également au travers d’initiatives de solidarité émanant du secteur lui-même.
Au-delà de l’urgence dictée par les impératifs de la crise, il est nécessaire de réfléchir à des solutions structurelles pour que le secteur bénéficie d’une plus grande considération. Le statut d’artiste est l’une des pistes les plus prometteuses, mais encore faut-il que les travaux aboutissent. Vos contacts réguliers avec la FAP permettront d’envisager les mécanismes structurels d’aide les plus efficaces pour un secteur qui en a besoin.